DocAdrénaline à la rescousse !

Je fais une pause dans les révisions. Une pause qui s’éternise et qui ne devrait pas. En même temps, je suis un peu déprimé. Oh, j’exagère. Mais lors de mon examen de master de neurosciences (oui, je fais un master de biologie en parallèle des études médicales, ce que beaucoup d’étudiant en médecine font), je n’ai pas pu le terminer. Faute de temps, mauvaise gestion du recopiage du brouillon d’une analyse d’article donnée. Je suis noté sur 15 au lieu de 20. C’est dommage. Et ça me rend grognon.

Mais le pire est à venir. Les vrais examens de médecine. Enfin … j’ai peut-être parlé un peu vite. La réforme a instauré des matières cachées sous des noms alambiqués en deuxième année de médecine. Des matières très utiles, si si ! Par exemple, l’unité d’enseignement « Bases moléculaires et cellulaires des pathologies » se décline en deux blocs : la biophysique et la biologie. Pour le second, bien sûr, il en faut. Mais pour le premier ? Apprendre les théories de l’atome, la manière de produire des rayons X, d’utiliser les rayonnements nucléaires, les principes de l’analyse compartimentale, oui, c’est utile pour la culture G. Et pour ne pas paraître stupide si un patient demande ce que sont les rayons X. Mais de là à en calculer l’intensité, l’absorption, le phénomène de collimation, et j’en passe, très sincèrement, laissons aux scientifiques ce qui est au scientifiques. On a assez de chose à découvrir et à apprendre comme ça. Ah oui, je peux vous dire comment fonctionne une IRM. L’écho de spin, le codage par la fréquence, l’excitation sélective, les bobines supraconductrices, du T1 au T2 en passant par le TR et le TE. Très sincèrement, je me vois mal dire à un patient « Bon, je vais vous faire une IRM dont j’analyserai la séquence T1 dans un champ de 3 Tesla et quelques, vous voulez les détails techniques ou je passe directement à ce que j’attends de cet examen ? ». Vous l’aurez compris, la physique et moi, on s’entend comme larrons en foire …

J’étais sensé faire une pause. La fac s’en est chargée pour moi. Elle a organisé une journée de formation aux gestes d’urgences. Oui, la même chose que l’on fait lors de la journée d’appel de participation à la défense. En peut-être un rien de plus approfondi.

Je dois vous l’avouer. Toute cette journée, j’ai pensée à Docadrénaline nous faisant un cours, avec l’humour formidable qui se dégage de ses messages si bien écrit (qu’elle le veuille ou non, moi je les trouve magnifiques). Sa bonne humeur, ses anecdotes, et son caractère pédagogue. Je ne la connais pas vraiment, mais c’est ce que je ressens du personnage. Pardonnes-moi si je t’offense, et si tu venais à tomber sur ces lignes, mais je me suis imaginé l’anesthésiste en face de nous se transformer en urgentiste avec des jouets et des schtroupfs pour nous expliquer la PLS ou le massage cardiaque.

Si vous arrivez dans le supermarché, vous êtes au rayon chocolat, et soudain, un monsieur s’écroule. Que faire ? Kinder surprise ou Lindt ?

Premièrement : lâcher les chocolats. Vous les donnerez à Docadrénaline quand elle arrivera, si elle est en hypo.

Deuxièmement : approchez-vous de l’homme. Demandez-lui de vous répondre. D’ouvrir les yeux. Prenez ces deux mains et demandez-lui de vous les serrer s’il vous entend. Sans réponse de sa part, pincez-lui la pulpe d’un doigt (de chaque côté : imaginez que l’homme est hémiplégique!). S’il ne réagit pas, dîtes : « Il est inconscient, appelez les secours » (si vous n’avez pas un acolyte chocolatovore avec vous, et que le supermarché est désert, vous risquez d’être embêté à cet instant).

Troisièmement : s’il ne commence pas déjà à se changer en schtroumpf, vous n’êtes pas sûr qu’il ne respire pas. Pour bien faire, pensez CCC : col, cravate, ceinture. Dégagez ces zones qui pourraient gêner la respiration. Tirer légèrement son visage en arrière pour dégager les voies respiratoires. Puis, penchez-vous de sorte à sentir la chaleur de son souffle sur votre joue, placez une main sur son ventre et attendez 10 secondes. Si vous ne sentez aucun souffle et que votre main ne se soulève pas (le rythme « normal » dirons-nous étant de l’ordre de deux-trois ventilations au moins – inspiration/expiration – pendant ces 10 secondes), annoncez « il ne respire pas ».

Troisièmement bis : Votre acolyte chocolatovore a sûrement déjà décroché son téléphone. Il a composé le 15, (ou le 112 en Europe), s’est présenté, a donné son numéro de téléphone et a géolocalisé très précisément l’endroit : « Allo bonjour, c’est untel au rayon chocolat du supermarché de X-ville, on aurait besoin de Docadrénaline en toute urgence (pour changer) ! ». Pimpompimpompim… A cet instant, il précise « l’homme est inconscient et ne respire pas ».

Quatrièmement : pendant ce temps, vous, secouriste improvisé, pouvez si vous savez le faire prendre le pouls au niveau de la carotide (artère du cou). Ceci pendant 5 secondes, mais a priori, si le type ne respire pas, il y a peu de chance que son cœur fasse la fiesta. De plus, masser un cœur qui bat n’a pas grande importance, et vous admettrez qu’en cas de doute, il vaut mieux faire un massage que laisser le cœur en arrêt. Pas convaincu ? Et si je vous disais qu’on perd 10 % de ses neurones par minutes où le cœur ne bat plus ? Toujours pas ? Très bien, je rajoute qu’en moyenne, en grande ville, les secours mettent 7 minutes pour arriver. Faites le calcul (même moi qui suis nul en maths, j’arrive à la conclusion que le massage, c’est une bonne idée, je compte sur vous pour me dire si je me suis trompé !). 7 minutes. Le temps que Docadrénaline puisse chaleureusement inviter les automobilistes à la cataracte sélective de s’écarter un peu pour laisser passer le gros véhicule qui brille et qui braille. Alors que vous, la bonne âme en panique, vous regrettez amèrement de ne plus faire de sport depuis 2 ans de première année de médecine pendant que vous enfoncez deux fois par seconde au moins vos talons de la main dans la poitrine de monsieur l’inconscient en arrêt cardio-respiratoire. Au moins 5 bons centimètres de profondeur. Tenez-bon. Si vous dégotez un défibrillateur, il vous encouragera. Quoi qu’il en soit, vous n’aurez plus besoin de faire des pompes pendant deux-trois jours. Quand Docadrénaline arrivera avec sa télé, vous lui passerez la main, et éviterez de tomber dans les pommes. Offrez-lui un chocolat ou deux. Et des croquettes pour chat !

Et à cet instant de mon délire, je suis sorti des vapes soporifiques de la digestion avant de retourner finir cette journée dans un état de conscience plus adapté à la société. Cependant, j’aimerai dédier cet article (à mon grand malheur pas aussi bien que je l’aurai voulu) à Docadrénaline. Pour ces messages, son accessibilité, sa gentillesse, son professionnalisme, et pour l’empêcher de se dévaloriser sans arrêt. Il va falloir que je constitue un panthéon, car tu en feras partie.

Aller, retour aux révisions. Si je veux espérer faire quelque chose de ma vie un jour. Pourquoi pas urgentiste ? Sans doute parce que je n’aurais jamais ni les compétences, ni la confiance en moi requises !

Remarque : le massage cardiaque est indiqué pour les personnes inconscientes ne respirant pas (ou très très peu ~ à peine un souffle sur les 10 secondes). Il convient d’annoncer l’heure du début du massage cardiaque. On distingue une période où la circulation était suspendue (le temps que vous interveniez et que vous vous en rendiez compte) et une période où la circulation était très faible : votre massage cardiaque. En effet, au mieux, vous insufflerez un débit d’à peine 20 % du débit cardiaque normal. Mais c’est mieux que rien. L’objectif étant de l’interrompre le moins possible avant l’arrivée des secours de Docadrénaline. Les défibrillateurs accessibles dans les espaces publiques vous guideront dans leur utilisation, par indications orales. Lorsqu’une personne respire mais est inconsciente, il faut la mettre en PLS : position latérale de sécurité. Si elle est allongée sur le dos, redresser la jambe à l’opposée du côté où vous voulez la faire basculer. Pliez-là, de sorte à ce que le bout de son pied passe très légèrement sous le genou de l’autre jambe. Attrapez le bras du côté où vous voulez la faire tourner, et placez le à 90° du corps, puis pliez-le de nouveau à 90° avec l’axe du bras. Saisissez l’autre bras, et placer le dos de sa main contre la joue du côté opposé. Faites ensuite tourner la personne sur le côté, une main sur son bassin, pour mobiliser le dos le moins possible. Dégagez les voies respiratoire, et rester à l’écoute. De plus amples informations, et bien mieux détaillées vous sont accessibles sur le net, sur diverses associations de secourisme. D’ailleurs, voici un article de Docadrénaline où vous trouverez de quoi abreuver votre curiosité …